Reprise d’entreprise, mode d’emploi
Reprendre un concurrent ou se diversifier via une acquisition, c’est peut-être la solution en pleine crise. La meilleure défense, c’est l’attaque ! Oui, mais voilà... Comment trouver, évaluer, financer ce rachat ? Bercy et Bpifrance Création donnent quelques règles.
Diagnostiquer l'entreprise à reprendre
Quand vous avez trouvé l’entreprise qui vous intéresse, il faut réaliser le diagnostic. Bpifrance propose un prédiagnostic en ligne : prediagentreprise.fr. Quelle information rechercher sur l’entreprise ciblée ? Son activité (potentiel/risque du marché, concurrence) ; ses moyens (matériel, immobilier, équipements, outils de vente et de production) ; sa santé financière, une analyse des ressources humaines (rôle et fonctions des salariés au sein de ladite société) ; une analyse juridique (la vali- dité des contrats en cours, les litiges qui pèsent sur l’entreprise)... Le diagnostic doit tenir compte plus que jamais de l’aspect qualité-sécurité-environnement (QSE) en vérifiant que l’entreprise cible respecte l’ensemble des réglementations en vigueur.
La valeur de l'entreprise cible
En général, il faut retenir trois méthodes d’évaluation d’une entreprise (patrimoniale, de rendement ou comparative) :
- Les méthodes dites “patrimoniales” : elles visent principalement à évaluer ce que possède l’entreprise (les actifs) et à en soustraire la valeur de ses dettes pour obtenir l’actif net ou situation nette.
- Les méthodes dites “de rendement” : elles permettent d’estimer la capacité future de l’entreprise à dégager des bénéfices, puis à en déduire sa valeur, tout en tenant compte du risque de non- réalisation de ces bénéfices.
- Les méthodes dites “comparatives” : elles consistent à comparer l’entreprise avec d’autres sociétés semblables, et dont la valeur de transaction est connue.
Financer votre reprise d'entreprise
Pour financer votre reprise d’entreprise, deux méthodes : compter sur des fonds propres (votre argent et celui d’actionnaires/acteurs qui vous suivent) ou sur un emprunt.
• Les fonds propres
Une part d’argent personnel montrera que vous croyez dans votre projet (au moins 20 %). Les particuliers qui vous accompagneront bénéficieront d’avantages fiscaux. L’État, les régions, les communes ou encore certains établissements publics peuvent vous proposer des aides. Tout est répertorié sur la base de données de aides-entreprises.fr.
• Faire appel à des investisseurs
L’idéal est de créer une société holding et d’ouvrir son capital à des investisseurs par le biais du crowdfunding (investisseurs en ligne), de business angels ou d’un fonds d’investissement.
• Solliciter un prêt
Obtenir un prêt d'honneur
Des réseaux d’accompagnement, comme Initiative France, Réseau Entreprendre ou l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie) peuvent vous proposer un prêt d’honneur, sans garantie ni caution personnelle, généralement à taux zéro. Son montant se situe habituel- lement entre 8 000 et 20 000 €, mais il peut atteindre 90000 € pour les projets innovants :
• Auprès du cédant
Le cédant peut vous accorder un prêt (appelé “crédit-vendeur”).
• Auprès de Bpifrance
Bpifrance propose le contrat de développement transmission pour les reprises de petites et moyennes entreprises (PME). Il s’agit d’un prêt de 40000 à 650000 €, sans garantie ni caution personnelle, toujours associé à un prêt bancaire. Il peut représenter au maximum 40 % de l’ensemble des prêts mis en place. De plus, la banque publique d’investissement peut garantir votre prêt bancaire à hauteur de 50 % (ou 70 % avec l’intervention de la région), pour la reprise d’une PME, via sa solution Garantie transmission.
• Auprès des banques
Elles prêtent en général sur une durée de sept ans et ne couvrent pas plus de 70 % du prix d’acquisition avec force cautions personnelles et hypothèques. Différents organismes peuvent proposer des garanties d’emprunt bancaire, notamment :
- BPIfrance pour les PME
- France Active pour les entreprises solidaires
- Fonds de garantie à l’initiative des femmes pour les femmes entrepreneurs
Reste ensuite à établir le montage juridique de la reprise en reprenant tout ou partie des parts (reprise passif et actif) ou en reprenant le fonds de commerce ou artisanal, qui correspond au contenu, c’est-à-dire à l’ensemble des éléments qui participent à l’exploitation. Ce n’est ni le même risque ni le même prix.
Cédant d'entreprise : comment accompagner le repreneur ?
Celui qui vend peut rester dans l’entreprise vendue pour donner un coup de main. Mais sous quelle forme l’employer ? Il existe un système juridique adapté : la « convention de tutorat » qui dure de deux à douze mois et qui permet au cédant « de rester affilié aux régimes de sécurité sociale dont il relevait antérieurement ».
Où trouver une entreprise à reprendre ?
Plusieurs sites proposent des annonces:
• La bourse nationale pour Entreprendre dans l’artisanat : entreprendre.artisanat.fr
• La bourse de la transmission de Bpifrance : reprise-entreprise.bpi-france.fr
• Les offres de reprise d’entreprise de Pôle Emploi : sur le site, sélectionnez dans le champ “Type de contrat” l’option “Reprise d’entreprise”
• Les bourses régionales via le site de la chambre de commerce et d’industrie (CCI) ou de la chambre de métiers et de l’artisanat (CMA). Il existe des sites dédiés comme transentreprise.com, reprendre- bretagne.com, opportunet.net, www.transmettre-reprendre.fr, etc.