Le festival des projets d’Agathe Monpays… et de Leroy Merlin

, mis à jour le 15/05/2025 à 22h58
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agathe

Elle s’est confiée sans détour. La jeune et célèbre dirigeante de Leroy Merlin  a rencontré une demi-douzaine de journalistes pour aborder tous les sujets : les chiffres…bons et moins bons, l’avenir, la concurrence et même revenir sur son parcours et les coulisses de sa nomination,

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Elle a osé ! La jeune et célèbre directrice générale de Leroy Merlin France a organisé une petite rencontre avec une poignée de journalistes des grands quotidiens nationaux, régionaux, économiques et quelques magazines spécialisés dans la distribution. Elle a osé car la direction de Leroy Merlin France est réputée plus mutique. Mais ses proches conseillers en communication l’ont convaincu que la lumière est toujours plus bénéfique que l’ombre. Et ils ont bien fait car elle a abordé tous les sujets avec un naturel confondant. A commencer par son prochain congé maternité qu’elle prendra bien sûr, comme tout salarié de l’entreprise, pour mettre au monde son deuxième enfant. Dans le Festival des Projets, pour reprendre le nom de la promotion de l’entreprise, elle n’a donc pas caché les sien mais a surtout développé ceux de la première enseigne de bricolage de France qu’elle dirige.

Chiffres symptomatiques d’une transition de genre

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agathe enceinte
Photos Zepross / Dieuzeide

Agathe Monpays a profité de la présentation des résultats de l’entreprise 2024 pour souligner la transition de genre de Leroy Merlin. Zepros Habitat avait un peu secoué le cocotier des GSB en annonçant un recul de l’enseigne de 5 % en 2024 contre 4,3 % pour le marché (source FMB) osant dire que le recul du leader  emportait avec lui le marché. La direction de Leroy Merlin n’avait pas été longue à réagir pour rappeler que sa baisse en 2024 était certes de 5 % au périmètre des magasins mais en comptant marketplace et services la maison ne reculait que de 3,2 % avec un volume d’affaire global tutoyant les 9,6 Md€ .  Pourquoi volume d’affaire ? Car il agrège des sorties de caisse, des ventes de services (pose artisans) de l’activité de la marketplace. D’ailleurs, le chiffre d’affaire de la marketplace  compenserait quasi à lui seul les 472 M€ perdus en magasin . Autrement dit il y a une migration vers des services et le business de place de marché

Trois fois plus de ventes en ligne chez Leroy que sur le marché

« L’année 2024 a été très apprenante, très « challengeante »  (…). Nous avions fait le choix il y a maintenant quelques années de beaucoup diversifier notre activité, sur internet, les marchés pros, les services. Aujourd’hui la part des ventes en ligne est chez nous 3 fois supérieure à la part du web sur le marché général. Cela représente 12% de notre chiffre d'affaires, soit 1,2 milliard (…) avec une marketplace qui pèse aujourd'hui,  près d'un demi-milliard d'euros d'activité. » Autre activité en plein essor : celle tournée vers les pros . 

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Francisco comptoir des artisans

« Le marché professionnel, c’est 1 milliard d'euros de volumes d'affaires aussi. En 2024, nous avons battu notre record historique avec cette nouvelle cible. » Pourquoi volume d’affaire ?  « Car, comme l’explique Agathe Monpays , si vous êtes venu chez nous faire poser des fenêtres, vous avez peut-être payé 1000 euros de menuiseries avec 500 euros de pose, lesquels ne rentrent pas dans le chiffre d'affaires traditionnel , c’est du volume d'affaires. » Alors entre les volume d’affaire de la marketplace, celui de la cible pro, le chiffre d’affaires de leroymerlin.fr  et bien sûr celui des passages en caisses . Trois et je retiens deux…. multiplié par le coefficient  x j’obtiens… un volume d’affaires de 9,6 md€ au total «  ce qui est finalement  tout ce qu'on encaisse auprès des clients »

La marketplace un choix « extrémement » gagnant

Quant aux polémiques avec les autres GSB ou la FMB sur la comptabilisation ou pas des marketplaces dans le calcul de la position de chaque enseigne et des parts de marché, Agathe Monpays les balaie d’un revers de manche : « Pour nous ça n'a pas de sens de ne pas la comptabiliser, puisqu'à la fin, ce sont des euros que les Français dépensent chez nous. Après, que les concurrents n'aient pas eu envie de faire de marketplace ou de ne le faire que tardivement, c'est leur stratégie… Nous, nous estimons que notre choix de la marketplace qui a été pris très tôt est « extrêmement » gagnant »

 De là croire que le magasin deviendra le parent pauvre, il n’en est nullement question. D’ailleurs pendant cette rencontre Agathe Monpays va passer beaucoup de temps à rassurer sur sa volonté d’investir en magasin Et la dirigeante de rappeler que « Le début de l'année s'annonce plutôt mieux dans les rayons où l’enseigne est passée du -5 % de 2024 à zéro avec une croissance globale de 2 % depuis le 1 er janvier. »

Le magasin, ? Mon précieux de Monpays

« Beaucoup d’acteurs du retail, même en GSB, ont désinvesti le territoire des magasins et ont parfois laissé leur site un peu se dégrader. Nous considérons comme majeur de continuer à investir dans les magasins. Je dis cela peut-être aussi parce que j'ai vécu 8 des 10 ans de ma petite carrière en magasin, mais il faut qu'on prenne vraiment soin de cet actif. C'est l'un des premiers montants d'investissement de notre plan stratégique à trois ans, ce qui comprend l'entretien du parc, la transformation énergétique de nos sites» 

Et Agathe Monpays de nous inviter à visiter le site de Clermont Ferrand carrément au milieu d’une forêt et d’annoncer la création même de nouveaux magasins à Troyes, (l’inaccessible Troyes) et à Saintes.

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Leroy merlin clermont
Projet Clermont Ferrand
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leroy merlin basse goulaine
Magasin de Basse-Goulaine

La bataille du prix car le client le veut bien

Mais pour combattre sur le terrain des magasins il faut obéir au client qui a fait du prix son souci numéro 1 en 2024. Il faut travailler ce que Leroy Merlin appelle « l’accessibilité » « c’est la première inflexion aujourd’hui du marché : le rapport à la dépense , le pouvoir d'achat…Nous avons investi, l'année dernière, près de 140 millions d'euros dans la baisse des prix de vente des produits … » Un investissement qui s’est traduit par la naissance de la gamme Essential by Worx placé frontalement face à Parkside qui croquait tant de parts de marché.

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lampe
Lampe Tulipe de Mathilde Cabanas

 ET Agathe Monpays le reconnait : « C’est une gamme d'outillages bricolage traditionnel et jardin, que nous n’avions pas encore dans nos gammes (…) à des prix défiants toute concurrence et notamment celle les discounteurs » Autre exemple cité par la directrice générale : l’association avec la créatrice Mathilde Cabanas autour de produits déco à petit prix (exemple une lampe designée à 39,9 € ): « Nous avons fait un carton, tout était ‘sold out’ en 72 H … parce que là aussi, on a cette conviction que le design, le beau, ne doit pas être un sujet d'élite et doit pouvoir permettre de servir le tout de la France. » On peut y voir aussi une réponse aux attaques de tout poil sur le flanc déco par des acteurs tels qu’Action , Gifi, voire Temu en ligne.

Chiffres activité 2024 Leroy Merlin

• Volume d’affaires : 9,6 Mds / -3,2% 
• +1 point de Part de Marché • CA magasins : 8,6 Mds € 
• CA Web : 1,3 Md € (13,5% du VA) 
• CA “Pro” : 1 Md € sur les pros en 2024 
• CA Market Place : 420 millions € 
• 12 millions de ménages / an

Un record commercial en avril dernier

La bataille commerciale reste donc la mère de toutes les batailles et on apprend d’ailleurs que le Festival des Projets qui est l’opération commerciale « coup de fouet » de la saison a réalisé un résultat historique en avril « Les nouveaux produits qui arrivent dans nos tracts d'opérations commerciales cartonnent, je vais vous donner un seul exemple, dans un marché comme le nôtre, qui reste en 2025 extrêmement chaluté et tordu, on réalise par exemple le record de chiffre d'affaires d'opérations commerciales toute année confondue, sur le mois d'avril »

Hommage aux cousins !

L’accent est donc sur le magasins quant au concept ils restent multiples en les adaptant au local . « Je crois qu'on ne consomme pas à Fréjus comme on consomme à Maubeuge … Nous laissons donc beaucoup de latitude à chacun de nos patrons de région mais aussi aux directeurs du magasin pour poser le juste concept là où il se trouve. A Saintes qui est une plus petite ville nous posons un format de 5500m² dans lequel vous aurez une offre Leroy Merlin mais un peu plus contenue…Et à l'inverse, Villeneuve d'Asq passe d'un magasin qui faisait 8-9000m² à 15000m² , l'un des plus gros sites du Nord-Pas-de-Calais et des Hauts-de-France en termes de grande surface parce que là, il y a un marché, on a une offre à exploiter, etc. » Sans oublier bien sûr le déploiement local de petites boutiques, cuisine ou salles de bains. En revanche la proximité est laissé au cousin Weldom dont l’offre est à 80 % commune avec Leroy Merlin « Ils font un travail extraordinaire et je tiens d’ailleurs à saluer mon ami Eric Béchu », souligne Agathe Monpays.

La bataille des pros

Quelques heures avant de nous recevoir, la commission paritaire Sénat/Assemblée a convenu de laisser les GSB œuvrer dans la rénovation énergétique , même sur les projets primés en attendant de leur trouver un statut. « C'est sorti hier, fumée blanche, bonne nouvelle, confirme Agathe Monpays, La GSB pourra faire partie des acteurs prioritaires de ce marché. (…) » Dans les faits, c’est une défaite pour la Capeb et une victoire pour les GSB . Leroy Merlin respire car à l’instar des marketplaces, l’enseigne a pris un risque de choisir ce cap très tôt, plus tôt que ses concurrents . D’ailleurs Agathe Monpays file la comparaison entre les deux marchés : « Ma conviction profonde, c'est que d'ici 10, 15, 20 ans, au même titre qu'il n'y a plus de business sans digital, il n'y aura plus de transformation de l'habitat sans transformation énergétique. »

Le casse-tête du siècle

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loi reno energetique

La question est maintenant de savoir quand l’ensemble de cet investissement (20 M€ par an sur 5 ans) sera rentable « Nous sommes extrêmement confiants puisque ça fait maintenant plusieurs années qu'on opère au service de cette transformation énergétique et que les résultats sont extrêmement satisfaisants. » mais reconnait aussitôt la difficulté de la tâche : « Chez nous, on dit que c'est le marché du siècle mais aussi le casse-tête du siècle. » Et d’ajouter que cela passera à tous les étages par des alliances. « On s'associe avec les pouvoirs publics, nous sommes mandataires de l’Anah mais on travaille avec la Solive, Soliha au plus près des territoires parce que c'est eux qui sont déjà chez les Français et qui sont capables parfois de former nos équipes. » Et les alliances vont même plus loin : « on s'associe avec des grands distributeurs, je prends par exemple Saint-Gobain, qui produit aujourd'hui des références dont on a besoin pour la transition énergétique. »

Question taboue : directrice jusqu’à quand ?

Nous avons posé la question à la jeune directrice comment elle voyait son avenir à la tête de Leroy Merlin ? Un Cdi un CDD , quelle durée ?

«  D’abord je me pose la question tous les matins en me levant de « est-ce que tu es encore à la hauteur aujourd'hui pour tenir le poste qui est le tien ? Je manage 30 000 collaborateurs par jour et on sert 12 millions de foyers de ménage par an. Si un matin, je me réveille en me disant que je ne suis plus à la hauteur, je vous assure que dans les 48 heures, j'aurais laissé ma place à quelqu'un de meilleur que moi. Il faut le voir donc comme un CDD. C'est l'histoire de l’enseigne où on a cette chance à la fois d'avoir de la stabilité et du mouvement. Dans les 50 dernières année du Leroy Merlin époque moderne  sous l’AFM, je ne suis que  la sixième directrice . Mes prédécesseurs ont duré de 7 à 10 ans ce qui est à la fois un temps suffisamment conséquent, changer tous les deux ans me paraîtrait dangereux, pour poser une stratégie, la mettre en oeuvre et en récolter du fruit, et en même temps, un temps nécessaire d'oxygénation.  Je ne pense pas faire ça 30 ans. Et à l'inverse, je peux vous dire que je n'ai pas fait tous ces efforts pour faire ça 3 ans non plus. 

Séduire les artisans… mais pas que pour la réno énergétique

Les alliances seront celles aussi passées avec les artisans. Rénovation énergétique ou pas d’ailleurs. On sait que leur labellisation RGE est indispensable pour que l’obtention de MaPrimRenov mais au-delà , Agathe Monpays les voit comme des partenaires d’un marché un tantinet moins « do it yourself » à l’avenir. « Une des inflexions qu'on ressent fortement, est en effet le fait d'avoir besoin d'un artisan pour poser chez soi un certain nombre de produits, car d’abord vous avez de plus en plus de familles monoparentales mais aussi parce que les Français vieillissent. » Bref la relation de Leroy Merlin avec les artisans est un sujet majeur « Nous sommes associés à 6 000 artisans partout en France sur le territoire. Et on a des délais maintenant, ce qui n'était pas le cas il y a quelques années, extrêmement satisfaisants sur le marché. Entre le moment où vous avez le premier contact chez nous et la cuisine posée, il peut se passer 4 semaines. « Et quand on lui rappelle la levée de bouclier de la Capeb, les reproches faits par certains de clientéliser les artisans …. Elle répond d’abord qu’avec les 6 000 artisans déjà, dont 1 300 RGE, » on couvre largement le besoin actuel tel qu'il est présent et il existe sur le marché. » mais que « ce qui est sûr, c'est que si demain le marché décolle et fait 30 milliards, il va falloir qu'on structure et qu'on recrute et qu'on trouve un moyen pour que les meilleurs artisans continuent d'avoir envie de travailler avec nous et partout sur le territoire local. »

Mieux rémunérer les artisans… une piste

Et comment donner envie à un artisan de travailler avec Leroy Merlin ? «Ça passe notamment par du gain de temps. Si vos produits arrivent à la bonne heure, chez le client, sans que l'artisan ait eu à s'en occuper, et le tout à la bonne date, l'artisan est très satisfait de travailler avec Leroy Merlin. À chaque fois que ça « déconne », c'est plus problématique. Et puis on ne se ferme pas à l'idée de réfléchir avec eux le juste niveau de rémunération, le juste niveau de partage aussi de la valeur parce que, et c'est ce que nous reconnaissent les artisans qui travaillent aujourd'hui avec nous, en fait, ils travaillent avec Leroy Merlin parce qu'on leur apporte du volume, parce qu'on leur fait gagner du temps dans la recherche de clients, et parce qu'on les paye aussi honnêtement à la hauteur de ce qu'est leur prestation. » Et finalement cette offensive avec les artisans est aussi à graduer. Notamment en matière de rénovation énergétique où les efforts ne seront peut-être pas les mêmes dans tout le pays. Agathe Monpays nous révèle avoir entendu la ministre lui expliquer « si on traite le Nord et l'Est sur la transition énergétique, on aura réglé 90% du projet en France. »

La rentabilité s’effrite mais reste supérieure… au concurrent

En tout cas la migration de l’activité de Leroy Merlin vers ces stratégies de rénovations globables sont des enjeux financiers colossaux car là on est plus sur une centaine d’euros de paniers moyens mais bien sur des projets entre 40 et 80 k€/habitant. Et gagner de l’argent reste quand même l’objectif de la maison Leroy Merlin qui ne peut pas se payer le luxe d’investir sans rentabilité. Selon nos informations, si le CA a baissé en 2024, la renta est restée dans la bonne zone. La directrice sans donner de chiffres rappelle qu’il ne faudrait quand même pas « non plus que le marché soit négatif pendant 12 ans. De manière structurelle, un euro de chiffre d'affaires ne fait plus le même niveau de rentabilité en 2025 qu'en 2020. » Et à comparer avec le résultat de Kingfisher (250 M€) réponse  de Leroy Merlin : «  on est plus haut.. donc oui,Leroy Merlin une entreprise rentable  mais aussi une entreprise autonome financièrement. On a de la solidité pour accompagner les projets de l'entreprise. »

Je me présente, je m’appelle Agathe,

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J'ai démarré à Valenciennes, j'étais chef de secteur, manager d'un rayon d'abord, le luminaire. J'ai managé la grande équipe de trois personnes du rayon lumière de Valenciennes. C’était passionnant. Puis j’ai été promue en héritant en plus de la décoration en plus. À l'époque, je me suis dit, ils ne se rendent pas compte de la taille du territoire qu'ils sont en train de me confier… un beau périmètre dans lequel je me suis éclatée. Puis après, j'ai fait pareil avec la peinture. J'ai travaillé quatre ans sur ce métier de chef de secteur en magasin. Ça a été peut-être la plus belle année de ma carrière. En tout cas, la plus apprenante et à l'issue de ces 4 ans j'ai fait mes débuts comme directrice du magasin de Tourcoing toute jeune puisque j'avais 25 ans et j'arrivais là, à la tête d'un superbe magasin qui venait d'être transféré avec la chance de conduire le projet d'exploitation de ce magasin avec les équipes de l'époque, une aventure passionnante, pendant 2 ans. Nous avons travaillé notamment le projet humain et puis la transformation omnicanale …c'était le tout début des étiquettes électroniques chez Leroy Merlin en France, le début aussi de la marketplace, c'était vraiment aussi passionnant. Et là, j'ai été enceinte de mon premier enfant et puis on m'a proposé d'aller découvrir la planète. Et donc, vous l'avez compris, moi j'étais née à Lille. J'avais fait la Sentinelle, Tourcoing, Lille pour mes études. Et là, on m'a catapultée à Athènes. C'était le bout du monde pour moi. Donc je suis partie avec mon bébé, mon fils, et j'ai pris la direction générale de l'entreprise de Leroy Merlin Grèce et Chypre qui était l'une des plus petites entreprises du groupe ADEO, 8 magasins, qui n'avaient jamais trouvé un euro de rentabilité à l'époque, après 15 ans de présence dans le pays, donc avec un gros projet de restructuration, du positionnement de l'enseigne, du business et de ce qu'on pouvait apporter aux habitants grecs, très différents des habitants français, puisque en Grèce, on dit « qui sait monter un meuble Ikea sait monter une roquette », donc le niveau de bricolage n'est pas très solide. C'était passionnant, j'aurais pu faire ça toute une vie. Et en fait, l'histoire s'est écrite un peu différemment, puisqu’ un an après, on m'a proposé de revenir à la tête de Leroy Merlin France, le poste que j'occupe maintenant depuis un peu plus de 18 mois. C'était une surprise, et il m’a fallu du temps pour comprendre pourquoi, pour faire quoi, au service de quel projet. Et du temps, on n'en a jamais beaucoup dans ces moments-là. Pourquoi moi qui n’ai pas navigué tant que ça dans les services stratégiques je prendrais la direction d'une entreprise. J'avais fait principalement du magasin mais justement je partageais avec Philippe Zimmermann cette envie de nourrir l'entreprise par sa réalité magasin, par ses clients, . Il a rendu évident à mes yeux que si vous écoutez vos clients et vos magasins, vous avez trouvé la martingale.

 Puis tout s’est emballé médiatiquement. J'ai d’ailleurs eu beaucoup de chance de rester 2/3 mois de plus à Athènes. J'avais un bébé de dix mois et j'étais débordée de boulot. Pour être honnête, le départ de la Grèce a été même difficile. Ça a été un peu un crève-cœur. Depuis la France, Marc Renaud (Ndlr, directeur com instit) me disait «  ne regarde pas les réseaux, je vais te raconter ». J'avais imaginé une autre entrée en matière, et ça m'a plutôt mis mal à l'aise. Mais 90% des commentaires que j'ai lus, à l’annonce de ma nomination étaient positifs « ah super, génial, une femme jeune, une nouvelle DG » Sur le reste (Ndlr, les fake news), j'ai plutôt pris ça comme finalement une exacerbation des enjeux de société, les femmes, les minorités, les jeunes, que finalement, plutôt que quelques chose qui me visait. Au sujet de la rumeur sur mon lien supposé avec la famille Mulliez …j'étais persuadée que mon conjoint me demanderait en mariage pour rétablir la vérité (rire). Vous savez, je suis normale, je travaille au service de cette entreprise Leroy Merlin parce que j'en suis tombée amoureuse quand j'y suis rentrée il y a 9 ans. J'ai rencontré des gens extraordinaires pour lesquels j'ai envie de me battre au quotidien. Et tant que j'ai l'opportunité d'être utile et de faire ça, je le fais.  (propos recueillis pendant la conférence)

Vision 2035 : c'est parti !

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vision 2025

Imaginée par Damien Deleplanque en 1995, la Vision consiste à associer tous les collaborateurs à leur vision du marché et de l’enseigne dans les 10 ans à venir. Malgré la taille bien plus importante de Leroy Merlin Agathe Monpays a décidé de relancer une vision 2035 « C’est un héritage magique qui m’a été confié et à l'époque, on l'oublie, mais je crois qu'il y avait 35 ou 40 magasins, on était bien derrière Casto, on était le petit follower. » On a vu le résultat ! La vision 2035 est donc lancée avec à la barre Marc Renaud . Cette opération qui pousse les collaborateurs à sortir de leur métier, à aller rencontrer les clients, les artisans (c’est nouveau) , les mairies (etc) va durer 18 mois. Elle sera suivie une grande phase appelée d'idéation, où là, chacun des collaborateurs va partir deux jours de son magasin pour produire des idées, pour, par le biais de l'intelligence collective, « dire à 10 ans ce que je voudrais que ma boîte, elle change, c'est ça, ce dont je rêve, c'est ça, ce que j'ai envie de construire, c'est ça. » Le tout s’achèvera par une phase de révélation « où on va, forts de toutes ses idées, poser la vision à 10 ans, vision 2035, avec nos équipes, pour pouvoir révéler le projet de l'entreprise qui va nous guider pour les 10 ans à venir. Donc c'est une aventure passionnante qui démarre. Je demandais dans un magasin l’autre jour à un collègue ce qu'il attendait de la Vision et il a répondu : "qu’on ‘éclate ensemble, que je m’éclate qu'on passe du bon temps ensemble et qu'on rêve ensemble la boîte et le projet de l'entreprise à 10 ans. »

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vision 2035
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