Ambitions et confidences du nouveau DG d' Espace Emeraude

Depuis deux jours le salon d’enseigne Espace Emeraude bat son plein dans sa version Brico à Angers avec environ 115 fournisseurs. Dans les allées, Jean-Marc Hupé serre des mains. C’est le nouveau directeur général d’Espace Emeraude. Il est là depuis 10 mois mais ne le disait pas. « Je viens juste de mettre à jour mon profil linkedin », reconnaît-il. Comme si la période d'adoption mutuelle était passée. Oui c'est comme ça souvent quand on rejoint une maison familiale construite il y a 40 ans par Claude Batardière et dirigée depuis par ses deux fils Christophe et Richard, qui passent du coup Présidents non exécutifs du groupe… Jean-Marc Hupé prend donc les commandes avec l'ambition de devenir le leader de l'hyper proximité avec 300 magasins comme premier objectif. Autres changements : l’arrivée de Frédéric Lamalle comme DRH qui oeuvrait, lui, chez Auchan et celle de Stéphane Schouteeten qui prend la direction du magasin emblématique de Ponts de Çé . Là encore le CV est celui d’un homme expérimenté où on lit 8 ans passés à la centrale Bricomarché et 13 chez Leroy-Merlin…

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Donc Jean-Marc Hupé prend les commandes… mais qui est-il ? Et que fait cet ancien vice-président d’ Adéo dans une entreprise familiale ? Originaire du Pays basque, cet ingénieur de 54 ans a vécu une première vie très éloignée de la distribution qui l’a emmené au Koweït, chez Andersen puis Cofinoga à Bordeaux. C’est l’ancienne RH de cette société de crédit qui pense à lui pour un poste chez Leroy-Merlin. Quoi ? Devenir directeur de magasin sans jamais avoir été ne serait-ce que chef de rayon ? Leroy-Merlin y croit en lui donnant 1 an et demi d’expérience « où j’ai tout fait, du rayon, à la caisse en passant par le contrôle de gestion ». Une fois formé le voilà à la tête du fameux magasin de Balma qui a mis 10 ans à avoir l’autorisation d’ouvrir… Comme s’il l’attendait ! Admirateur inconditionnel de Damien Deleplanque qui fonde Adéo, il suit comme lui un parcours à l’étranger (DG de Leroy-Merlin en Grèce) mais aussi à la tête d’autres enseignes comme l’ensemble Aki, Weldom, Brico-Center en tant que vice-président exécutif d’Adéo. Il aura aussi une expérience RH au sein du groupe . Tout ça ne nous dit pas comment on passe du comité exécutif d’Adéo et ses 100 000 salariés , à la tête d’Espace Emeraude et ses 90 magasins ? Une histoire humaine avant tout. Des deux côtés d'ailleurs . Le retrait de Damien Deleplanque sonne le glas de sa carrière chez le numéro 1 du bricolage en Europe qu’il quitte. Et c’est encore une histoire humaine, sa rencontre avec Christophe et Richard Batardière qui le convainc de rejoindre ce réseau de Lisa. « Je suis Batardière compatible, sourit-il. « En réalité j’ai été impressionné par les fils de Claude, le fondateur, par leur humilité. Ils reconnaissaient leurs difficultés. Ils avaient d’excellentes idées mais la mise en œuvre méritait l’apport de l’expérience d’autres personnes. » La mission de Jean-Marc Hupé devient donc lisible il faut mettre les 25 magasins de Modis (groupe propriété de la famille Batardière) en mode positif.

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Un retournement et malheureusement cela passe par une contraction à 20 magasins aujourd’hui. Les 70 autres magasins du groupe sont propriétés d’adhérents et ça tourne plutôt bien. Idem pour la centrale Sa2 E. Les compteurs sont donc au vert sauf pour les intégrés mais le groupe doit donner l’exemple. C’est un peu le syndrome Mr Bricolage sauf qu’il n’est pas vraiment question ici de les céder mais bien de les « retourner positivement ». Le premier qui donnera l’exemple est celui des Ponts de Cé, véritable flagship store confié à Stéphane Scouteeten.

La nouvelle équipe veut d’abord rappeler aux salariés des intégrés qu’il faut être fier de ses valeurs, de ses racines, être expert dans son domaine, amoureux du travail bien fait, être dans la proximité avec le client … Tout cela, c’est déjà le discours d’Espace Emeraude, mais Jean-Marc Hupé veut passer la posture aux actes. On est pas Leroy Merlin à gérer des milliers de clients par jour… du coup on peut s’en occuper encore mieux, dans le contact, la façon de l’accueillir, de le suivre . Côté expertise, « il faut accélérer sur les formations », explique un DG pas peu fier que le meilleur apprenti de France soit un garçon d’un magasin des Herbiers. Notre capacité à réparer est une force incroyable Cela correspond à la volonté qu’ont les gens de ne pas acheter des produits à obsolescence programmée. Nous on répare ! Pas besoin de faire des centaines de kilomètres. Un message passé aux fournisseurs présents : de la qualité, il faut que ce soit démontable, réparable. L’ex ingénieur de raconter qu’il a entendu une cliente s’exclamer « Le bon marché, ça coûte cher ». « Une phrase que disait ma Grand-Mère , sourit-il.. ; Et c’est vrai qu’à la campagne il faut que ça dure et que ça résiste.

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Les réglages des magasin sont en cours ,explique Jean-Marc Hupé qui voit l’avenir avec optimisme car à ses yeux l’essentiel est déjà là. A bien y regarder tous les discours actuels RSE, Made in France, fin de l’obsolescence, proximité etc… une enseigne comme Espace Emeraude y répond par nature, estime le directeur général qui verrait bien un potentiel de 300 Espace Emeraude en France même si ça passe par des rapprochements avec d’autres réseaux du même acabit ? Bien sûr c'est une possibilité... Ne serait-ce que pour les achats. « C’est sûr que quand on va voir Stanley avec 90 magasins… c’est un peu léger » C’est sûr aussi qu’il a connu des massifications plus importantes.
Dans les allées, le salon Emeraude se poursuit avec Christophe , Richard et même Claude Batardière dans les allées … en discussions avec les adhérents et les fournisseurs. Christophe se dit ravi de l’arrivée de cette compétence « quand même un ancien membre du Comex d’Adéo ! ».. ; L’ambiance n’a pas changé, la famille s’est agrandie.