Jardiland, Gamm Vert, Delbard... avec Casino !

Pierre Dieuzeide
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sac ouverture gamme vert

Teract a annoncé le 9 mars au soir avoir signé un accord d’exclusivité avec le Groupe Casino en vue de créer « le leader français de la distribution responsable et durable ». Casino apporte  ses 9100 magasins et Teract   sa branche retail qui gère quasi 1750  jardineries et magasins alimentaires ou boulangeries dans une entité de distribution contrôlée par Casino (85 %), Invivo disposant du reste. Une autre société, Teract Ferme France,  détenue et pilotée par InVivo cette fois, approvisionnera les magasins alimentaires de la première

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SI Intermarché a ses propres  sources de production agro-alimentaires, le Groupe Casino revient dans cette course de la "ferme à l'assiette" grâce à cet accord original avec Teract et indirectement avec InVivo. Et les jardineries dans tout ça ?  On pourrait croire qu'elles ont un peu servi de monnaie d'échange pour bâtir un accord alimentaire qui les dépasse. Elles pourraient  toutefois trouver là un tremplin de développement important.

Si on comprend bien ce qui ressort du communiqué (que vous pouvez télécharger en intégralité ci-après) : tout ce qui a trait à la distribution sera logé dans une même entité contrôlée par le Groupe Casino et son patron Jean-Charles Naouri (avec sans doute aux premières loges Alexandre Zouari, Xavier Niel et Mathieu Pigasse). C'est logique au périmètre des seuls apports puisque Casino vient avec 9100 magasins  contre une centrale qui gère quasi 1750 jardineries, boulangeries, magasins Bio, Grand Marché et autres Frais d'ici. La plupart de ces points de vente Teract ne les possède pas (sauf 300 environ) d'où cette phrase du communiqué : TERACT apporterait son savoir-faire et son expertise dans l’exploitation des jardineries-animaleries et l’alimentaire.  Il n'en reste pas moins que la valeur de cette centrale repose aujourd'hui essentiellement sur les jardineries qui  affichaient au dernier semestre 1 md d'euros de CA sous enseigne contre 21,3 M€ pour la partie alimentaire de Teract (Bio&co, Frais d'ici, Grand Marché). 
In Vivo Retail d'un côté, les magasins de Casino de l'autre, tout cela les deux acteurs le valorisent pour obtenir un actionnariat de 85 % pour le géant stéphanois de l'hyper et 15 % pour Teract. On peut donc dire que c'est grâce à ses jardineries que Teract construit cette relation capitalistique étroite et assez avantageuse en valeur avec un Casino endetté pr ailleurs. D'autres actionnaires sont toutefois attendus pour financer  son développement. "Afin de pouvoir mettre en oeuvre un plan de croissance ambitieux, le nouvel ensemble se doterait d’un niveau de fonds propres supplémentaires de l’ordre de 500M€. A ce titre, dans une démarche conjointe, Casino et les actionnaires de référence de TERACT ont d’ores et déjà engagé des discussions avec un certain nombre d’ investisseurs désireux de rejoindre le nouveau tour de table actionnarial."

Acte 2 , la naissance de Teract Ferme France

Acte 2 de la stratégie  maintenant que Casino et Teract seraient liés : faire naître Teract Ferme France qui serait détenue cette fois par InVivo et qui représenterait la vitrine de la production agricole de la coopérative, le trait d'union entre les agriculteurs et cette branche de distribution. L'idée est de valoriser des produits de qualité en circuits courts de la ferme à l'assiette.

Par exemple les boulangeries artisanales Louise pourraient apparaitre dans les magasins Casino sans oublier que certains hypers pourraient devenir des Grand Marché ! « Ce projet très innovant accélère le plan stratégique 2030 du pôle retail de InVivo : TERACT, dont la mission est de mieux valoriser les revenus des agriculteurs en les reconnectant avec le consommateur responsable. La création de TERACT Ferme France, contrôlée par le groupe InVivo, assure le lien fort entre le nouvel ensemble et les filières agricoles dont InVivo est l’acteur de référence », confirme Thierry Blandinières Directeur Général du Groupe InVivo et Président du Conseil d’administration de TERACT. Au passage, on ne sait pas trop s'il y a des accords d'exclusivité entre Teract Ferme France et le "néo Casino". Mais la stratégie est quand même limpide : de la qualité dans les magasins et les assiettes, un débouché de vente pour des centaines de milliers d'agriculteurs.  Reste à définir les intérêts exacts des acteurs de cette grande pièce à savoir Xavier Niel qui possède par ailleurs le campus agricole Hectar, Jean-Charles Naouri, mythique patron de Casino, Moez-Alexandre Zouari qui le devient,  Mathieu Pigasse et Thierry Blandinières qui sert la cause agricole

 

Les jardineries plus puissantes en achat !

Mais revenons aux jardineries... elles auront servi indirectement de dot de transaction mais pourront certainement profiter de cette nouvelle famille de la grande distribution pour gagner de la puissance d'achat, leur centrale étant intégrée dans une méga centrale. Si les produits sont différents, les fabricants sont quelquefois les mêmes... Il va y avoir de la négociation grands comptes ! Les jardineries qui appartiennent pour certaines à des coopératives locales pourront aussi explorer de nouveaux formats, des corners, shop in shop voire bénéficier d' accords alimentaires sur des "autoproductions" locales,  bien sûr développer la franchise sans oublier des horizons internationaux.  A contrario, il est possible que certaines "masters franchises" goûtent peu à cet accord... Mais ce n'est que de la fiction car pour l'instant les acteurs ne s'étendent pas vraiment sur  la question de la jardinerie ... L'intérêt de l'opération est clairement ailleurs.

 

On rappelle que "ce projet reste conditionné à la conclusion d’un accord engageant entre le groupe Casino et TERACT, qui pourrait être atteinte avant la fin du second trimestre de l’année en cours. Ce projet serait soumis à la consultation des instances représentatives du personnel des deux groupes ainsi qu’aux gouvernances respectives du groupe Casino, de TERACT et de InVivo. L’accord engageant ferait l’objet à sa signature d’une nouvelle communication au marché et serait soumis à l’approbation des autorités de concurrence et des actionnaires et créanciers des deux parties."

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Pierre Dieuzeide
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