Testé par Casto, Shopopop livre ses secrets

Pierre Dieuzeide
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Testé par Casto, Shopopop livre ses secrets
La start-up de la livraison collaborative viens de lever 20 M€ et lance un test avec les mini Casto de centre ville. Elle vise d’autres GSB et des jardineries. Son cofondateur Johan Ricaut passe aux aveux.
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Le « blablacar » de la livraison, déjà bien connu des surfaces alimentaires, est testé par les deux nouveaux magasins de proximité de Castorama à Levallois et aux Lilas. Il s’agit donc d’une première expérience « parcours magasin » pour commencer même si par nature Shopopop sied plutôt à une « expérience e-commerce ». La différence ? Dans le premier cas, le client se rend dans le magasin, choisit un produit et en caisse, demande une livraison Shopopop. Dans le deuxième cas, le client achète en ligne et coche une livraison Shopopop via le magasin local, mais lui ne s’y rendra pas.

Mais au fait ? Qu’est-ce qu’une livraison Shopopop ? Celle réalisée par un « shopper », un livreur qui est en réalité un particulier, non professionnel de la logistique qui se charge du colis car c’est sur sa route ! Une vraie logistique collaborative. Et Johan Ricaut, cofondateur avec Antoine Cheu de la start-up qui vient d’ailleurs de lever 20 M€, tient beaucoup à ce modèle : « Nous ne sommes pas du tout dans un concept d’auto-entrepreneurs livreurs qui attendent les missions sur des mobylettes pour le compte de « darks stores » qui se multiplient. Nos shoppers choisissent leurs livraisons et ils perçoivent un dédommagement financier à l’instar de ce que fait Blablacar pour le transport de personnes. C’est du beurre dans les épinards, très intéressant actuellement avec la hausse du coût de l’essence… pas un métier ».

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Deux raisons pour rester sur ce modèle : la première est éthique.. La multiplication des livraisons est acceptable dès lors qu’elle ne multiplie pas les trajets mais rentabilise ceux qui existent déjà. Par ailleurs, Johan Ricaut explique qu’un modèle professionnalisé pourrait mettre en danger la qualité du service logistique. « Si une personne se mettait à réaliser 50 livraisons par jour, cela créerait une dépendance du site à ce « gros shopper ». Autrement dit si deux ou trois gros shoppers « professionnalisés » captent toutes les missions autour de Casto et qu’un beau matin ces shoppers défaillent, arrêtent ou travaillent pour d’autres , Shopopop serait fragilisé. L’entreprise prend donc bien soin de rester sur son modèle comptant sur son algorythme pour y veiller.

Au commencement... il y avait Leroy Merlin et Mr Bricolage

Récemment gonflé par de nouveaux investissements, Shopopop avait annoncé s’intéresser à d’autres modèles de retails que ceux de l’alimentaire. Le brico, c’est pas nouveau ! On savait qu’à ses débuts l’équipe s’était faite les dents avec un Leroy Merlin de Nantes sans toutefois prolonger l’expérience. " Nous avons même participé au Challenge Mr Bricolage Agorize en 2016 qui cherchait des idées ou des start-up pour revisiter l’expérience client digitale" se souvient Johan Ricaut « Et nous avions été finalistes…» L’histoire pourrait bien se prolonger d’ailleurs car des discussions sont en cours avec cette enseigne. « Nous visons également les jardineries ! », explique le cofondateur dont l'entreprise oeuvre déjà pour des fleuristes .

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En termes de maillage, Shopopop dispose de 4000 shoppers quasi dans toute la France et annonce être capable de livrer partout en 2H « Une prouesse dont n’est pas capable Amazon, » sourit le cofondateur !

Mais livrer quoi ? Après tout des shoppers, habitués à transporter des courses alimentaires pourront-ils charger des étagères ? « Nous limitons les produits à ce qui peut être manipulé par une seule personne et notamment une femme. Donc nous ne livrerons pas 50 plaques de BA13 ! Les produits qualifiés pour une livraison collaborative se limitent à 30 kg pour une envergure de 2 mètres. » Pas de surprise pour le shopper qui est prévenu de ce qu’il va transporter en choisissant une mission brico. Il n’est pas le seul à être informé : le client aussi reçoit un texto ou un email le prévenant que tel ou telle personne va le livrer ainsi que l’heure…». Toutefois cette expérience de livraison de bricolage pourrait amener l’appli à affiner sa connaissance des véhicules des shoppers pour des livraisons plus adaptées aux produits. Quant à imaginer des artisans livrant d’autres artisans dans un contexte de négoces de matériaux, " rien n’est impossible dès lors que cela reste une livraison collaborative"

Le coût pour le client du Casto de Levallois sera de 9 €. Cette somme ne reflète pas obligatoirement le coût réel pour l’enseigne qui a peut-être choisi d’en subventionner une partie. Côté shopper, la rémunération pourra varier de 5 à 8 euros selon les poids transportés. En moyenne, les livreurs réalisent 6 à 8 courses par mois. De son côté, Shopopop avait réalisé un chiffre d’affaires de 6 M€ en 2020. Elle emploie aujourd’hui 110 personnes , se développe dans le Bénélux, Italie, Espagne, Portugal avec sur place des country managers et une équipe. Peu prolixe sur son CA 2021, elle se contente de noter une très forte progression.

Le test de Castorama devrait durer de 2 à 4 mois et pourquoi pas migrer sur un service en ligne sur le site et l’appli Castorama.

Pierre Dieuzeide
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