Arte détricote l'affaire Mr Bricolage
Mr Bricolage vient d’être lapidé de menhirs, son DG menacé de mort … tout ça pour une histoire qualifiée d’Intox par Arte et France Info. Impressionnant
Il n’y a pas que le climat qui se durcit... Le groupe Mr Bricolage, le maire de Carnac, le franchisé local et accessoirement Christophe Mistou, dg du Groupe viennent de prendre un menhir sur la tête. Accusés de construire un magasin sur un site qualifié de patrimoine mondial archéologique, de fouler au pied des trésors dans la commune même de Carnac, Mr Bricolage a été vilipendé de toutes parts ou presque. La haine s’est déchainée sur les réseaux sociaux. Les menaces de mort ont visé tous les acteurs : du DG Christophe Mistou au maire de Carnac dont la maison a été placée sous protection de la gendarmerie par le sous-préfet. Sans oublier les accusations de corruption etc. Même l’Eglise Saint-Cornély s’est retrouvée taguée proposant de la raser comme les menhirs. Mais voilà que les cellules de fact checking d' Arte/France Info volent au secours de Mr Bricolage et démontent cette histoire dans une vidéo très instructive.
Le mythe de l'injustice
Cette affaire Mr Bricolage fait penser à la flambée récente des réseaux sociaux pour et contre Agathe Monpays, future directrice générale de Leroy Merlin. Si tout le monde a applaudi la nomination d’une jeune femme de 28 ans à la tête du géant du bricolage, très vite les réseaux ont dénoncé le fait qu’elle était liée à la famille Mulliez ce qui est faux. Leroy Merlin a eu toutes les peines du monde à contrer cette rumeur.
En réalité cette alchimie terrible reprend les grands mythes de l’injustice. Le riche et puissant qui écrase la culture, le bien commun. L’injustice d’une fille jeune et jolie couronnée parce qu’elle est fille de …, et pistonnée. Des mythes qui ont été ou qui restent des réalités. Oui il y a eu des pistonnés , oui certains dirigeants du nord ont été liés à la famille Mulliez. Oui des enseignes ont fait fi dans le passé des qualités patrimoniales ou naturelles d’un lieu pour s’implanter. C’est bien parce qu’il y a eu des précédents que la rumeur peut s’enraciner.
Et après tout, se révolter contre ce type d’injustice, c’est bien le moins. Si Mr Bricolage avait ruiné 39 menhirs pour bâtir son magasin, ce serait un scandale mais comme le montre Arte ou le communiqué de la DRAC ci-dessous c'est faux. Il y a en effet un problème avec 4 pierres qui n'ont pas été analysées mais pas 39 détruites et Mr Bricolage parait étranger à ce problème administratif
Mais comment cela s'est-il enflammé ? Par ce phénomène étrange qui veut que je ne peux devenir un héros pourfendant le méchant que si le méchant existe ! Dès lors si des signes ou des faits montrent que le méchant n'est pas si coupable on les ignore superbement. C’est un peu comme tomber amoureux. Certains voient bien qu’il ya des choses qui clochent chez le futur ou la future élue mais l’histoire est tellement belle qu’ils effacent d’eux-mêmes tout ce qui pourrait l’empêcher. On se raconte des histoires ! C’est un trop beau scandale pour ne pas être vrai. Tout est parti de l' indignation d’un passionné Christian Obeltz. Peut-être un peu excessive et le relais des scandalisés a fait le reste (lire encadré)
L'avis de Séguéla
Comment communiquer quand on devient le méchant de l’histoire ? Interviewé il y a une quinzaine d’années sur cette question (pour un autre journal, Zepros Habitat n’existait pas), Jacques Séguéla nous avait répondu : « il faut contre attaquer tout de suite, ne pas faire comme Valery Giscard d’Estaing et l’affaire des diamants qui avait attendu trop longtemps pour réagir » . Communication de crise certes mais il y a 15 ans il n’y avait pas les effets tsunami des réseaux sociaux. Aujourd’hui chaque mot de réaction est remis dans la machine, extirpé , séparé et pourra être retenu contre vous avec une persistance rétinienne longue . Est-ce pour cela que Mr Bricolage s’est fendu d’un communiqué si lisse qu’il évoque l’affaire de Carnac sans jamais la nommer ?
Nous allons en reparler dans le numéro de rentrée de Zepros Habitat (septembre) et faire venir des spécialistes de la question.
La genèse de l’affaire des menhirs
Tout a commencé avec Christian Obeltz, archéologue amateur écoeuré de ne plus retrouver sur le chemin de Montauban ce qu’il considère comme des enfilades de Menhirs. Le hic c’est que la Drac y voit des pierres, certes debout pour certaines, mais entrecoupées de murets… et conclut en 2015 à l’occasion d’un premier permis de construire qu’il s’agit de pierres déplacées . Elle note en revanche que quatre autres pierres debout semblent être là depuis plus longtemps. Mais les fouilles s’arrêtent car la demande de permis de construire est refusée « pour des raisons non liées à l’archéologique », souligne la Drac (lire communiqué ci-dessus). Une nouvelle demande de permis est déposée quelques années plus tard sans prescriprion archéologique et sans que soit terminée l’analyse de ces 4 pierres. C’est en réalité sur ce point qu’il y a matière à polémique . La Drac rappelle que les bâtiments de France ont donné leur accord et ajoute que « du fait du caractère encore incertain et dans tous les cas non majeur des vestiges tels que révélés par le diagnostic, l’atteinte à un site ayant une valeur archéologique n’est pas établie. » Bref la Drac ne parait pas convaincu qu'il y ait là une grande perte.