Jardin : la peur de la piqûre, c’est tendance !

Pascale Benhaïem-Komlos
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Sécateur Rostaing

Les meilleures ventes de gants concernent les modèles pour ronciers et autres rosiers. Côté pieds, le caoutchouc naturel reprend de couleurs...

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Le particulier s’équipe. Sur la période 2020-2021, la demande a explosé, notamment, sur les masques, orientés jardin (plantes). Les magasins Lamaison.fr et le site internet sont très dynamiques sur le vêtement de travail, que ce soit pour agriculteur, jardinier ou le bâtiment. « 70 % de l’offre vêtement-chaussant-EPI est sur le segment travail, commente Aurélien Rivière, responsable de la catégorie. Aujourd’hui, la tendance est d’avoir les équipements adaptés à l’usage. Il y a une réponse technique aux différentes saisons et activités – débroussaillage, etc. – avec aussi la protection du visage et les gants. » La proposition est plus importante et les habitudes évoluent. Le jardinier va s’équiper de gants imperméables pour manipuler le terreau. En automne, il choisira un gant adapté pour manipuler
le bois de chauffage. « Le gant qui se vend bien : à maille, spécial épineux pour les rosiers, car tout le monde fait le petit jardinage. Ce sont les meilleures rotations en magasin », note pour sa part Stéphanie Codjia, chef de produit Jardiland, Gamm vert et Delbard sur le périmètre. Ce qu’on va rechercher, c’est l’effet seconde peau, avec de plus en plus d’innovations intégrant par exemple la possibilité d’utiliser le smartphone. Mais encore une fois, c’est l’anti-épine qui marche bien. Les Français ne veulent plus se piquer et chez Rostaing, Marine Elek, responsable communication et ventes web, confirme que le grand best-seller est en effet le Roncier, très résistant pour prendre les ronces.

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Rouchette chaussant imperméable en caoutchouc

Chaussant cherche RSE

Chez Jardiland et Delbard, les sabots performent plus que les bottes, tandis que chez Gamm vert, où l’offre équipement personnel est davantage orientée sur la production pour des artisans et agriculteurs, les meilleures ventes sont constituées par des bottes. « Les fameuses bottes en caoutchouc pour un usage intensif ; et les chaussures de sécurité, observe Stéphanie Codjia. Elles représentent 35 % du CA chacunes. » Le groupe met en avant du Made in France et tient à fournir des produits de plus en plus RSE. « C’est le cas sur la partie bottes Aigle. Nous travaillons aussi avec un fournisseur européen, Dunlop, que nous avons référencé cette année pour les bottes Jardin. » Les gammes se réinventent sur la matière, avec une course à utiliser dans la confection des produits l’hévéa ou ses dérivés. De son côté, Rouchette vit la même histoire. « En 2021, nous avons fait passer tous nos PVC en “sans phtalate”, dans une démarche qui consiste à être le plus propre possible », explique Sébastien Rouchette. Quand au Made in France, le fabricant français confirme sentir une « demande plus importante ». Le paradoxe étant qu’en termes de bottes, le « Made in France est plutôt synonyme de premier prix, car c’est de l’injection ; alors que le caoutchouc, à part Aigle, il n’y a plus de fabrication française ». Et d’ajouter que pour relocaliser, il faudrait... doubler les prix. 

Des accessoires pas si accessoires

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 Aurélien Rivière, responsable de la catégorie pour les magasins physiques et le site Lamaison.fr.

 « Nous cherchons à développer l’accessoire de protection, par exemple les lunettes, etc. Ce sont des produits à plus faible valeur ajoutée, mais il y a un marché. Et si le bricoleur occasionnel avait tendance à ne pas systématiquement utiliser ces accessoires, il y est de plus en plus attentif grâce aux campagnes de sensibilisation à la sécurité au sein des entreprises. Du coup, il prend le réflexe pour ses  loisirs ou ses activités au jardin et pensera à mettre des bouchons d’oreilles ou un casque antibruit quand il tond la pelouse. » Aurélien Rivière

Les fringues, un marché inspiré par le sport

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Stéphanie Codjia

L’offre vêtement de travail est particulièrement développée chez Gamm vert, adressée à des ruraux. « On note un fort recours à des matériaux techniques, comme le soft shell. Également, les vêtements empruntent de plus en plus au sportswear, voire au jeans. Parce que la clientèle est de plus en plus jeune, et qu’il faut l’attirer », observe Stéphanie Codjia, chef de produit Jardiland, Gamm vert et Delbard, qui estime que « cela va arriver dans l’EPI, on le voit depuis un an ». Aurélien Rivière confirme en mettant en avant le développement des pantalons en Kevlar® ou Cordura où pour éviter les usures qui arrivent au niveau du genou, des genouillères peuvent être intégrées dans des grandes poches. Les chaussures de sécurité intègrent des systèmes d’absorption des chocs, comme pour les chaussures de sport. Également au rang des nouveautés : des systèmes de laçage, là aussi comme dans le sport, avec une boucle qui vient serrer le pied.

Des tons nature et intemporels

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 Sébastien Rouchette, dirigeant société Rouchette

« Nous répondons à un besoin simple : protéger le pied de l’eau. Notre plus-value est sur ce qui est caoutchouc et la doublure néoprène : un bon isolant et une sensation de grand confort. Nous avons retravaillé nos couleurs pour rester sur des tons nature et intemporels. Le vert demeure dominant. Pour  2022, l’enjeu n’est pas tant sur le produit que sur la capacité à se faire livrer. Le marché va se contracter, car il y a des hausses tarifaires, les prix des matières premières explosent. Quand on nous annonce des délais, c’est à prendre ou à laisser. Nous sommes dans une position où on fait plus de chiffres, mais en termes de marge, ça baisse. » Sébastien Rouchette. 

Pascale Benhaïem-Komlos
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