Brico Jardin : ces chiffres d'Inoha qui font mal
L’association de 272 industriels du brico, jardin révèle ses propres chiffres 2022 avec des volumes de ventes en chute de 15 % dans le brico et de 40 % dans le jardin. Inoha qui donne les premières tendances 2023 fait aussi part de son inquiétude du rapprochement d’achat envisagé par Kingfisher et Mr Bricolage
« Crise énergétique, inflation, pouvoir d’achat en berne, surstocks chez les distributeurs, augmentation des défaillances d’entreprise en 2022, le contexte économique n’est pas favorable au secteur du Nouvel Habitat ». Inoha n’y va pas par 4 chemins et veut répondre aux distributeurs qui demandent une baisse des prix . On se souvient des déclarations en ce sens de Michel Leroux, Président du conseil de surveillance de Gedex lors de la soirée du salon Gedimat qui appelait à ne plus vivre ces augmentations multiples , ou encore celles de Marie Simunic responsable de l’offre Leroy Merlin ( si tout le monde augmente ses prix , nous mourrons tous riches). « Si nos PME ont augmenté leurs prix pour compenser, en partie, ceux des matières premières, leur marge a été fortement détériorée. », explique Jean-Luc Guéry président d’Inoha. Histoire sans doute de rappeler à la distribution que les fabricants ne roulent pas sur l’or , il ajoute « les PSE se multiplient » avant de mettre en avant les chiffres récoltés auprès de ses adhérents ( échantillon représentatif du marché sur environ la moitié des industriels Inoha). Ce chiffres prennent en compte le volume de vente à fin 2022.
Les chiffres d’Inoha
Les volumes de vente aux Grandes Surfaces de Bricolage affichent une baisse de 15% en 2022 par rapport à 2021. Le pic de cette chute se situe au 2ème trimestre (-17%) alors que le 4ème trimestre présente une chute de volume moindre (-9%). Avec un volume de vente de -40% par rapport à 2021 (soit un écart de 36%), c’est le rayon Jardin qui a le plus souffert, suivi de celui dédié à l’Outillage (-19%), la Quincaillerie (-18%) et le Bois Menuiserie (-16%).
Le baromètre début 2023
Et Inoha d’insister sur le fait que ces chiffres grisâtres semblent se maintenir début 2023 en s’appuyant cette fois sur son nouveau baromètre Inodata/GfK « même s’il existe des disparités selon les circuits de distribution, comme en attestent les données de sortie de caisse enregistrées sur les marchés des Grandes Surfaces Alimentaires et des Jardineries, »
En GSA, le chiffre d’affaires du rayon bricolage jardin reste stable en janvier 2023 (-0,1%) par rapport au même mois en 2022.
Les produits du bâtiment (+23,9%) et la quincaillerie (+9,1%) ont compensé les pertes de la décoration (-9,3%) et de l’électricité (-4,6%). Le rayon Jardin reste encore limité au fond de rayon, avant les implantations et mises en avant prévues en février.
Côté Jardineries et Libres-Services Agricoles, le chiffre d’affaires des ventes du jardinage se sont réduites de 7,7%. L’ensemble des catégories principales sont en retrait : -4% pour le végétal, -14,4% pour les produits pour jardin, -11,2% pour l’aménagement. Curieusement les chiffres réalisés en GSB souffrent de leur absence. Les grandes enseignes seraient en grandes discussions sur les périmètres de calcul
Kingfisher et Mr Bricolage , le rapprochement fait peur
La perspective de création d’une centrale commune entre Kingfisher France et Mr bricolage ne rassure pas les industriels. « Il faut bien voir qu’en face de nos PME qui pèsent en moyenne 35M€ et une centaine de salariés il y aura bientôt deux groupes de distribution représentant 80 % des achats en France, gronde Jean-Luc Guéry. « Et souvent ces mêmes groupes nous demandent de ne pas peser plus de 20/25 % dans notre chiffre d’affaires. Mais comment allons nous faire ? » Et le président d’Inoha d’ajouter « par moment on a le sentiment d’être broyés entre de grands groupes très concentrés en amont ( Arcelor, CGM , ndlr.) et très concentrés en aval (distribution). Quelle solution ? Quel message veut-il délivrer « je demande juste aux distributeurs d’être sensibles au fait que nous sommes des PME et qu’ils ne fassent pas l’amalgame entre les grands industriels qui ont sans doute exagéré en termes de prix et nous-mêmes »