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Le dernier bouclage de Marie-José Nicol

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Marie-José Nicol

La plus célèbre des journalistes du secteur brico jardin, Marie-José Nicol, terrible et légendaire patronne de Bricomag, s'en est allée discrètement, elle qui avait pourtant fait de l'extravagance sa signature. Philippe Méchin,  l'un de ses lieutenants les plus fidèles lui rend hommage en nous emmenant côté coulisses. 

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Extravagante, certes... par Philippe Méchin

Marie José NICOL 1951/2023

Extravagante certes, mais pas que… C’est sur la pointe des pieds, au cœur d’un mois d’août assoupi que Marie José Nicol, s’en est allée. Pour la dernière fois, elle a encore surpris son monde avec une pirouette bien significative d’une vie hors du commun C’est en effet rien de dire que cette femme fût hors normes, et au fond bien malin qui peut dire qui elle fût vraiment. Pour l’avoir côtoyée pendant de nombreuses années, sa réelle personnalité laisse perplexe. Etait t-elle seulement cette diablesse éruptive, ce personnage que l’on voyait et entendait arriver, vêtue de tenues chamarrées qu’elle aimait tant, à mi-chemin entre une princesse d’orient et un avatar de Barbara Cartland, l’âge venant ? Etait-elle seulement cette pourfendeuse de pratiquants de la langue de bois ? Etait-elle cette provocatrice fustigeant parfois violemment celles et ceux qu’elle désignait comme ses adversaires et qui avaient l’outrecuidance de lui dire non ? Etait-elle aussi méchante, aussi agressive que d’aucuns le disaient ? Il y a certes un peu, voire beaucoup de tout cela, mais la réduire uniquement à ce rôle de personnage entouré d’ennemis qu’elle poursuivait de ses impitoyables saillies est bien réducteur.

Tout a commencé à la quincaillerie moderne

Marie José n’était certes pas un ange, et n’a jamais cherché à l’être, c’est un euphémisme. Sans concession, sans compromis, tant vis à vis de son entourage proche ou de ses clients et partenaires, elle était, il faut bien le dire, extrême dans ses jugements, son comportement, ses attitudes, son expression verbale. Elle choquait souvent par la brutalité de son langage et son rapport à autrui. Cette vie n’a bien évidemment pas été sans conséquence, tant sur le plan professionnel que personnel. Après un passage comme chef de publicité dans un titre dénommé la Quincaillerie moderne, Marie José déboula un jour tel un ouragan dans les secteurs professionnels de l’aménagement de la maison, de l’électroménager, du bricolage, bousculant toutes les conventions.

Elle y aura passé plus de 30 ans coiffant à la fois les casquettes de patronne de presse, rédactrice en chef et commerciale, montant inlassablement à l’assaut des annonceurs, arpentant les salons du matin au soir, intervenant dans les conférences de presse via des sorties souvent dérangeantes mais aussi très fréquemment pertinentes, Son engagement hors normes aura marqué de son empreinte son passage dans ces univers, quoique l’on puisse en penser.

Elle cachait d’étonnantes fragilités

Mais MJN, comme elle aimait à se faire nommer, n’était pas que cet être d’un bloc, sans nuances .Elle savait aussi être bienveillante, chaleureuse, généreuse dotée d’un solide sens de l’humour. Ses anecdotes en « off » étaient savoureuses. Au fond, elle n’était dupe de rien. Elle mettait souvent en scène ses colères, ses indignations, ses fâcheries et ses réconciliations. Elle avouait d’ailleurs regretter de ne pas avoir été comédienne de théâtre. On ne peut que la croire tant il est vrai que derrière le masque, elle cachait d’étonnantes fragilités, blessée par une vie privée pas toujours facile et une fracture narcissique qu’elle dissimulait derrières ses tenues vestimentaires excentriques, son langage châtié, ses provocations. Elle était bien plus complexe que ce que l’on pouvait imaginer sur jouant finalement un personnage dont elle était devenue quelque peu prisonnière. Ainsi était Marie José Nicol qui a quitté ce monde en toute discrétion, un soir d’été, comme une dernière provocation .Toujours est-il que ceux qui l’ont connue ne l’oublieront pas.

Cérémonie le 18 août

"Celle qu'on adorait détester"

La reprise de Bricomag en 2020, le patron du groupe Zepros, Philippe Paulic y tenait beaucoup  comme une forme d' hommage à celle qui partait en retraite). Aujourd'hui, il se joint à la rédaction pour adresser ses condoléances à la famille de Marie-José.  Quant à moi, toute ma vie de journaliste dans ce secteur, j'ai rencontré des fournisseurs et des distributeurs qui la critiquaient vertement mais qui n'envisageaient pas une seconde de s'en passer... à de rares exceptions près. Elle savait le respect que j'avais, que nous avions, pour sa ténacité d'éditrice même si nous ne partagions par ses méthodes. Lors d'un déjeuner à fleuret moucheté où nous envisagions déjà de travailler ensembles  (RBJ et Bricomag)  nous avions très vite conclu, nous en amusant, que c'était impossible " vous êtes journaliste , me disait-elle, moi je viens du marketing", expliquant qu'elle n'avait aucune vergogne à mettre la pression sur un annonceur pour qu'il... annonce.  En somme, elle préférait mettre cette pression que la subir ! Sûr que là-haut, Saint Pierre va être bon pour prendre une double page s'il veut une paix éternelle

Pierre Dieuzeide

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