Mano Mano : + 300% pendant le confinement
Christian Raisson intervient pour la première fois pour faire le bilan des 2 mois de confinement. La place de marché a été prise d'assaut par des Français las de tourner en rond. Du coup, les ventes des marchands ont explosé et Mano Mano a embauché 100 personnes. Le cofondateur du site nous raconte les coulisses d'un printemps 2020 totalement fou. Une interview à retrouver dans Zepros Habitat n°5.
Comment avez-vous vécu le confinement ?
Notre organisation est répartie entre plusieurs sites et était plutôt entraînée à travailler à distance - notamment à cause des grèves de 2019 en France. Nous étions donc prêts à travailler en confinement de chez nous et avons basculé en 24 heures pour l’ensemble des équipes européennes. Nous avons ensuite avancé en prenant beaucoup de précautions, notre priorité avec Philippe de Chanville, mon associé, a été de nous assurer de la sécurité de nos collaborateurs et de nos partenaires : c’était de loin le plus important pour ManoMano.
Côté clients, les Européens ont pris le temps d'améliorer leurs lieux de vie dans ce contexte, ce qui a contribué à l’accélération de la digitalisation du secteur bricolage, maison, jardin. ManoMano a ainsi pu prouver l’efficacité et la résistance de son modèle économique dans un contexte particulier, il faut bien l’avouer. Pour répondre au contexte, nous avons notamment proposé le service AlloMano en France afin de permettre aux confinés d’avoir des conseils d’experts pour les dépanner en cas d’urgence.
Est-ce que ça vous a changé à titre personnel ?
Comme pour tout le monde, je crois, cette période a été intense et très stressante. J’ai pu voir des collaborateurs se transformer et se révéler en parfait manager de crise, d’autres se renfermer et être envahis par le doute, ce qui est somme toute très humain.
Pour ma part, j’ai eu la chance de vivre cette période entourée de ma famille chez nous à Paris. J’ai très vite fait le lien entre cette crise sanitaire et la responsabilité qu’ont les entreprises de protéger et respecter leur environnement - collaborateurs, clients, nature. Cela a accéléré, pour Philippe et moi, nos actions de développement dans la direction de cette responsabilité. Nous sommes heureux de voir que beaucoup d’entreprises et beaucoup d’Européens ont mené cette même réflexion.
ManoMano a été reconnu d'utilité publique pendant cette période, non ? Plus sérieusement, quel effet a eu la crise sur le chiffre ?
Nous avions un devoir économique et moral à poursuivre notre activité dont dépendent aujourd’hui 30 000 emplois en Europe. Avec 80% de nos marchands en ligne, ManoMano a constaté une hausse des ventes de 300 % par rapport à la période précédent le confinement.
Selon une étude que nous avons menée avec l’institut Harris Interactive, un tiers des Français (31 %) souhaitaient faire davantage de travaux d’entretien et bricoler pendant le confinement et 43 % des Français ont déclaré faire plus de jardinage qu’avant.
Nous avons embauché 100 personnes durant cette période. Nous sommes très heureux, à la fois de voir cette accélération de la digitalisation du secteur, mais aussi et surtout d’avoir pu aider les Européens dans leurs projets en cette période compliquée pour tous. Encore une fois, nous regardons nos performances avec beaucoup d’humilité - nous avons vécu quasiment sans concurrent pendant un mois - et avons mis en place avant toutes choses des mesures pour contrer à notre niveau cette crise sanitaire majeure.
Qu'est-ce qui ne sera plus jamais comme avant ? Qu’allez-vous changer ? Plus de télétravail ?
Il est encore tôt pour décider mais nous y travaillons. Nous voyons maintenant clairement les limites du modèle 100 % au bureau et du modèle 100 % à distance, nous allons inventer une nouvelle façon de travailler, c’est certain. Nous maintenons le télétravail jusqu’à la rentrée, avec un retour libre dans les bureaux pour ceux qui le souhaitent. Après septembre, nos équipes pourront prendre jusqu’à deux jours de télétravail par semaine si elles le souhaitent. Tout ça est encore à affiner.
Est-ce qu'au final cette crise n'a pas été un risque pour ManoMano ? Celui de voir les acteurs du marché se jeter définitivement dans la bataille du web et celui de consacrer le click & collect comme voie idéale pour le brico ?
Nous sommes très enthousiastes de la voir s'accélérer et sommes fiers de mener la danse. C’est une période difficile pour tous, notre concurrence se tourne naturellement vers des nouvelles solutions devenues la norme dans bien des secteurs. Notre expertise digitale nous permettra de continuer à innover pour garder notre place de leader en ligne en Europe.